Corps diasporique




Je pensais depuis longtemps que
j'aurais pu devenir un être uni et réconcilié de part en part avec
toutes ses faces ;


comme si j'avais pu faire venir la créolité dans le froid de l'hiver, décentrer ce monde qui n'a jamais cessé d'être auto centré ; être nommée et questionnée autrement que depuis une certaine différence ;
apaiser le gouffre et la brulure d'un déni de ma langue maternelle,
des mouvements qui ressemblent et sont perçues comme trahisons ;
je pensais prendre les deux temporalités de ma vie éloignée de moi
même et les recoller, simplement, comme on soude une pièce cassée ;


Je pensais aussi, naïvement, qu'a partir d'un certain âge, je n'aurais plus à m'expliquer. à nourrir les fantasmes d'autres, inconnu.es la plupart du temps, et qui aiment les voyages et se pensent sympathiques lorsqu'ils me parlent de ces terres lointaines qu'ils ont visité à l'occasion ; Comment leur dire, que malgrès elle.eux -leur naïveté, leur joie, Leur capacité à voyager- sont un problème, à mon échelle et celle de plein d'autres individus.

Je m'aperçois que, peut être que cette torsion que je m'imposais devra être négociée autrement, que mon intégrité d'humaine devra passer par un corps habité autrement, pas des manques à combler autrement.


Je ne serais jamais sur deux espaces à la fois, et je ne me condamnerais pas non plus à devoir choisir entre ces deux espaces.


Ce n'est pas un happy end, c'est bel et bien de douleur dont il s'agit. C'est le constat après tant d'années, d'un manque et d'un arrachement qui n'ont pas vocation à s'apaiser, c'est être fragmentée mais se chercher quand même, dans l'obscurité.


Je serais double et plus que ça avec les distances et les séparations qui me constituent, avec les manques, les absences, avec le trouble.


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